dimanche 16 mars 2008

la marseillaise



A 13 ans, une question récurrente me venait à l’esprit quand je regardais des films américains : « pourquoi certaines femmes crient elles pendant l’acte sexuel ? ». Au début, je pensais à un caprice lubrique du réalisateur ou faute de scénario, à un rattrapage de scène par une bimbo chanteuse. Les années passèrent et me voilà au lycée. Mes derniers boutons d’acné disparaissent et je rencontre nathan. Nous nous embrassons et 3 mois plus tard il me déflore dans un clic clac bon marché. Je prends connaissance du mot orgasme mais par manque de temps, je ne fais que l’approcher d’une manière plutôt technique et non sonore.

Puis viens les années fac, et d’autres garçons occupent mon lit. Tous, sans exception, confirment ma première hypothèse : « les filles qui crient au cinéma sont des comédiennes vulgaires et caricaturales ». On discutait donc de ce débat pendant des heures en revendiquant nos silences sexuels et nos halètements nocturnes. Certains même, voulaient m’enregistrer sur Data pour créer une installation sonore contemporaine. Bref, la fac se termine, le diplôme est en poche et malgré toutes les parties de jambes en l’air, pas encore un cri à mon actif…

En 2001, je vais voir, comme d’ailleurs des millions de spectateur, le film de Jean Pierre Jeunet : « Amélie poulain ». Et, durant les 10 premières minutes du visionnage, je remarque que le réalisateur montre une série de femmes, de part le monde, avoir un orgasme au pieu. J’entends des cris, allant du ridicule au burlesque sous l’indifférence de Caroline, ma voisine de droite. Soudain, cette question qui m’obsédait à 13 ans, revient en force : « pourquoi crient elles ? ».

2005 arrive et je rencontre swan. Des baisers, des ébats et des soulèvements de couettes reviennent perturber mon quotidien. Puis, grâce à mon expérience sexuelle, je maîtrise mon plaisir avec succès. L’orgasme ressurgit des draps et je me retrouve nue, hurlant devant mon jules. Plus j’essayais de contrôler mon orgasme et plus je chantais la marseillaise aux oreilles de mon partenaire. Rien à faire, je ne pouvais éviter cette conséquence sonore.
Je conclue donc que le plaisir n’existe pas en silence et que les femmes qui criaient au cinéma révélaient un moment érotique et non pornographe. Bien sûr, je ne prend pas en compte les pseudo-actrices de X, qui elles ne crient pas mais râlent (un peu comme mon cocker quand il a décidé de renifler une taupe au fond du jardin). Finalement, ces femmes silencieuses au cinéma démontraient peut être une frustration sexuelle mais je pense surtout qu’elles révélaient un puritanisme américain.


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